La loi anti-squat, intégrée à la Loi Organique 1/2025 du 2 janvier sur l’efficacité du Service Public de Justice, est entrée en vigueur. Cette nouvelle réglementation promet de pouvoir expulser les squatteurs en 15 jours à partir du dépôt de plainte. Mais sera-t-elle vraiment efficace ? Résoudra-t-elle les problèmes d’occupation illégale ? 🤔
En théorie, la nouvelle loi permettra que les délits de violation de domicile et d’usurpation de logement soient traités par la procédure des jugements rapides. Ainsi, les expulsions pourront être exécutées dans un délai de 15 jours à compter de leur mise à disposition judiciaire. ⚖️
Avec cette loi, les délits d’occupation illégale feront partie de la liste des délits moins graves pouvant être traités par la voie rapide. Pour cela, une modification a été introduite dans l’article 795 de la Loi de Procédure Criminelle, ajoutant deux alinéas :
- i) Délits de violation de domicile de l’article 202 du Code Pénal.
- j) Délits d’usurpation de l’article 245 du Code Pénal.
De plus, les sanctions pour ceux qui occupent un logement en utilisant la violence ou l’intimidation contre les propriétaires sont augmentées. Dans ces cas, les squatteurs pourraient faire face à des peines de prison, remplaçant ainsi les sanctions économiques actuelles. 👮♀️
Carmen Giménez, avocate titulaire de G&G Abogados, rappelle que la nouveauté de la réglementation, déjà en vigueur, est que le Tribunal d’Instruction peut ordonner l’expulsion rapidement, avant la tenue du jugement rapide, à condition que le propriétaire-plaignant l’ait demandé et que cette mesure soit considérée comme conservatoire. Il faut cependant tenir compte du fait que la nouvelle réglementation à caractère pénal ne concerne que les occupations illégales et non les "inquiocupations" (locataire qui reste dans le logement après avoir cessé de payer le loyer), car il s’agit de délits qui, pour entraîner l’expulsion du bien, doivent être commis de manière flagrante. La loi elle-même définit ce qu’est un délit flagrant : " sera considéré comme délit flagrant celui qui est en train d’être commis ou qui vient d’être commis lorsque le délinquant est surpris en flagrant délit ". Autrement dit, il faut prendre les occupants, comme on dit vulgairement, "la main dans le sac", ajoute l’avocate. 🕵️♀️
La nouvelle loi anti-squat sera-t-elle efficace ?
"C’est une avancée limitée, car la modification de l’article 795-1 de la Loi de Procédure Criminelle pour pouvoir célébrer des jugements abrégés – qui mettraient fin à l’occupation illégale en moins d’un mois – est pour le moment une solution théorique, car nous devons encore voir la durée réelle de ces procédures, lorsque des personnes vulnérables doivent être expulsées des logements occupés et que les services sociaux doivent intervenir", commente José Ramón Zurdo, directeur général de l’Agence de Négociation Locative (ANA). 🗣️
L’un des points critiqués de cette loi, dont on doute que le délai d’expulsion de 15 jours soit respecté, est que la procédure pour expulser les squatteurs sera judiciaire, et non administrative. 🏛️
Les squatteurs pourront continuer à fournir des tickets de caisse, des contrats de location et des témoignages falsifiés, ce qui transformera ces jugements rapides en des processus lents et coûteux, comme c’est déjà le cas. Cependant, en théorie, la nouvelle loi prévoit également la procédure rapide pour les cas où l’occupation illégale a déjà eu lieu. 🧾
Selon José Ramón Zurdo, la meilleure solution dans ces cas d’occupations illégales de logements devrait être administrative, et non judiciaire. "Il devrait être obligatoire que tous les contrats de location de logements soient signés par écrit et enregistrés obligatoirement dans un registre public des contrats", commente-t-il. 📝
"De cette manière, lorsque les forces de sécurité de l’État se rendent dans les logements occupés et exigent des squatteurs les contrats justifiant leur occupation avec le cachet d’inscription dans ces registres – que la police peut facilement vérifier par voie électronique – si les squatteurs ne les présentent pas, les forces de l’État peuvent présumer que les contrats qu’ils montrent sont faux et expulser immédiatement les squatteurs sans autorisation judiciaire. Ainsi, les contrats simulés et les tickets que les squatteurs présentent habituellement pour justifier les occupations illégales de logements seraient annulés", ajoute-t-il. 👮♂️
Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi anti-squat, une fois la plainte déposée, le propriétaire sera convoqué en qualité de personne lésée, tandis que les squatteurs le seront en tant que personnes faisant l’objet d’une enquête. Si ces derniers ne parviennent pas à prouver un droit légitime sur le logement, le juge pourra ordonner leur expulsion immédiate après la tenue du jugement. Cependant, la plupart du temps, les squatteurs essaieront de retarder la procédure judiciaire, il reste donc à voir si le délai d’expulsion sera réellement raccourci. ⏳
Bien sûr, dès qu’il y aura un jugement, l’expulsion sera préparée, sans étude de vulnérabilité, car il s’agit d’un délit flagrant. En théorie, cela ne devrait pas entrer en conflit avec le gel des expulsions. ✅
La procédure abrégée n’affectera pas les "inquiokupas", les locataires qui cessent de payer le loyer ou qui restent dans le logement une fois le contrat de location terminé. C’est un problème plus grave que l’occupation illégale. 🚫
L’initiation de la voie civile, actuellement, par le biais de la procédure spécialement prévue pour les occupations, ne garantit pas sa rapidité et son immédiateté, et ce pour les raisons suivantes, comme le souligne Carmen Giménez :
- La lenteur de la justice et la surcharge qu’elle subit depuis des années (aggravée par la pandémie), sans que des moyens matériels et personnels aient été accrus ; 🐢
- L’annonce de l’entrée en vigueur de la Loi Organique 1/2025 du 2 janvier sur l’efficacité du Service Public de Justice, et sa profonde réforme procédurale, a conduit à ce que, avant le 3 avril – date de son entrée en vigueur -, des plaintes judiciaires aient été déposées sans aucun contrôle, ce qui implique qu’actuellement, les doyennés des tribunaux, chargés de répartir ces plaintes, soient surchargés et qu’il faille des mois pour que chaque plainte (répartie par ordre d’entrée au doyenné) parvienne au tribunal spécifique de destination qui sera finalement celui qui devra rendre le jugement. 🤯