L’accès au logement est devenu un véritable casse-tête pour les jeunes Espagnols. Les prix élevés, tant à l’achat qu’à la location, combinés à la précarité des contrats et aux bas salaires, rendent l’indépendance et l’acquisition d’un logement décent particulièrement difficiles.
Ce sujet brûlant, au cœur des préoccupations du secteur immobilier, a été le point central d’une table ronde réunissant des figures importantes, dont la maire de Brunete, María del Mar Nicolás. Cette commune, située au sud-ouest de Madrid, prévoit la construction de 17 500 logements dans les 15 prochaines années, dont plus de 40% seront des logements sociaux.
Nicolás a souligné lors de son intervention la nécessité "d’aider les jeunes", non seulement en leur offrant un logement, mais aussi en "créant des espaces et des infrastructures pour qu’ils puissent vivre et travailler dans notre commune". Pour atteindre cet objectif, elle insiste sur l’importance de proposer des logements décents à des prix abordables.
Face à cette problématique, la maire a mis en avant le droit de superficie. Ce mécanisme permet à une personne (le superficiario) de construire ou de maintenir des bâtiments, des plantations ou des ouvrages sur un terrain appartenant à autrui (le propriétaire).
Ce droit peut être établi pour une durée déterminée, à l’issue de laquelle les constructions deviennent la propriété du propriétaire du terrain, sauf accord contraire.
Le directeur général du foncier de la Communauté de Madrid, Ramón Cubián, partage cet avis et se dit favorable à l’encouragement du droit de superficie pour répondre à la demande des jeunes. Il va même plus loin en proposant un droit de superficie avec option d’achat : "Nous devons satisfaire la demande de logements sociaux, en particulier pour les jeunes, et nous devons l’assurer à long terme".
Le président de l’Association des gestionnaires de logements (AGV), Juan José Perucho, a également exprimé son opinion sur la question du foncier, dénonçant l’intervention de l’administration publique dans le secteur : "Le marché du logement est un marché très imparfait, en partie à cause de l’interventionnisme du secteur. Dès que l’administration gère le foncier, le libre marché disparaît et, comme cela a été démontré, le résultat de l’interventionnisme à moyen et long terme n’est généralement pas positif".
D’autre part, la maire et le directeur général se sont tous deux prononcés en faveur de la limitation du prix du foncier. Nicolás a assuré que les nouvelles acquisitions de foncier dans sa commune se feront par concours et non par enchères, afin d’éviter des "prix exorbitants et de valoriser d’autres aspects tels que la durabilité, la qualité ou la distribution".
Cubián, favorable à la limitation du prix du foncier, tout en se montrant prudent, a souligné que, pour aider les promoteurs, il faut "gérer la distribution du canon". Au début du projet, l’investisseur a de nombreuses dépenses, il faut donc réduire les taxes. Une fois les logements prêts, les dépenses diminuent, on peut donc remonter les taxes. Et une fois que ces biens arrivent en fin de vie, les dépenses augmentent à nouveau, il faut donc à nouveau baisser les impôts. L’objectif est de collecter la même somme, mais en la gérant pour favoriser la construction".
« La banque doit se réinventer pour aider les jeunes »
"Il ne sert à rien de construire des logements abordables si les jeunes ne peuvent pas obtenir de financement pour les payer, la banque doit se réinventer pour aider les jeunes", a insisté la maire.
Le président de l’AGV partage cet avis : "Nous construisons des logements sociaux auxquels les jeunes ne peuvent pas accéder, nous devons améliorer le financement".